Au cœur de la Sélection des Vins de Genève

Une valse à mille temps…

Nous sommes le 4 juin 2019, à la Maison du Terroir à Lully. Un ordinateur, un crachoir, quelques bouts de pain et le silence. C’est ce que l’on remarque immédiatement lorsque l’on pénètre dans la fameuse salle de dégustation de la Sélection des Vins de Genève, concours ayant notamment pour but de sélectionner les vins qui représenteront le vignoble genevois lors de différents concours nationaux ou internationaux, d’encourager la production de vins de haute qualité ou encore de favoriser leur promotion en Suisse comme à l’étranger. Rigueur et professionnalisme sont de mise pour noter ces crus présentés par les vignerons genevois.

Autour de moi, tout est organisé au millimètre près. C’est un ballet, une danse à mille temps, non pas de petits rats de l’opéra, mais bien de serveuses et serveurs qui s’organisent pour préparer les prochaines séries de vins et pour servir les jurés présents dans la salle. C’est au total pas moins de 16 personnes qui s’affairent, afin que tout se déroule de manière précise et rigoureuse. Je reste dans un petit coin, discrète, pour ne pas déranger les artistes en représentation, mais surtout pour pouvoir admirer le spectacle qui se joue devant moi.

Un peu de sérieux !

Pour cette 20^ème édition, ce ne sont pas moins de 576 crus qui ont étés dégustés sur trois jours, par des femmes et des hommes, par des jeunes et par des plus expérimentés, dans le but de déterminer quels seront les vins gagnants. Cette année, il y aura eu au total 67 jurés, dont 17 nouveaux venus. Malgré leurs différences, les jurés ont pourtant tous deux points communs évidents : leur passion du vin ainsi qu’une concentration à toute épreuve… ou presque. Le Président du comité, Dominique Maigre, me confie le sourire aux lèvres qu’il doit parfois faire office de « pion » pour ne pas qu’ils se dissipent et qu’ils parlent entre eux. Il ajoute également que les vins sont servis rapidement volontairement, afin de leur permettre de garder cette concentration tout au long de la dégustation.

L’heure de la détente

Lorsque l’heure de la pause sonne, c’est logiquement que tout une autre dynamique se met en place. On sort prendre un peu d’air, on passe un coup de téléphone, on discute, on se chamaille, on rigole. C’est lors de cette « récréation » que je profite de discuter quelques instants avec Baptiste Roset, jeune viticulteur à La Cave de Genève. C’est sa deuxième année en tant que dégustateur, et pour lui, c’est une expérience enrichissante qui rime tout naturellement avec plaisirs et découvertes. C’est également l’occasion pour Baptiste de pouvoir goûter des vins sans aprioris, de se situer par rapport aux autres producteurs, mais c’est également une excellente formation continue.

Sur ma route, je croise également Jacques Jeannerat, Grand Maître de l’Académie du Cep et juré expérimenté, que j’interroge sur le nombre de vins dégustés par jour : « Cette année, c’est jusqu’à 30 par jour, mais il m’est arrivé d’en déguster 35 en une journée ! ».

Sur le chemin du retour en salle, je peux aussi observer, entre deux portes, des moments de complicité et de franches rigolades entre les participants, comme entre Nicolas Bonnet, propriétaire du domaine de la Comtesse Eldegarde, et Didier Cornut, œnologue du Domaine du Paradis.

Après ces quelques instants de repos et de détente bien mérités, il est déjà l’heure pour nos dégustatrices et nos dégustateurs de reprendre du service. Le vin, ça n’attend pas !

And the winner is…

Nous sommes le 19 juin, la salle de conférence du Muséum d’histoire naturelle est pleine à craquer. Vignerons, jury, presse : tout le monde attend avec impatience le verdict et la remise des médailles.

Cette année, ce ne sont pas moins de 65 médailles d’or qui ont été décernées, ainsi que les prix spéciaux tels que le Marcassin, le Renard, le Sanglier, la Fouine, le Milan ou encore les Aigles et bien sûr le Sanglier. Ce dernier représente le vin ayant obtenu le plus haut pointage et, pour cette édition 2019, c’est le Domaine de Beauvent à Bernex qui le remporte, avec sa Mondeuse 2015. Jérôme, le fils, raconte en recevant cette distinction, que c’est un vin qui représente bien le Grand Genève, car c’est un cépage de Haute-Savoie que son papa Bernard a planté il y a une quinzaine d’années sur le sol genevois.

Ce n’est non sans émotions que s’est terminée cette cérémonie mettant en avant le travail des vigneronnes et vignerons de la région, ces derniers se retrouvant tous ensemble par cette belle soirée aux couleurs estivales, pour déguster les différents vins médaillés.

Santé !

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